VAE : accompagnement des personnes placées sous main de justice

Notre académie expérimente de nouveaux modes de VAE, en accompagnant des personnes placées sous main de justice. Financé par la Région Centre-Val de Loire, ce dispositif répond aux intérêts communs des différents acteurs intervenant dans les dispositifs de formation à destination des personnes placées sous main de justice : la Direction interrégionale des services pénitentiaires, l’Unité pédagogique interrégionale (UPI) et les établissements pénitentiaires de la région Centre-Val de Loire.
VAE : accompagnement des personnes placées sous main de justice

C'est en réponse à l'appel à projet « Expérimenter de nouveaux modes de VAE » lancé par la Région dans le cadre des financements octroyés dans le Pacte régional d’investissement dans les compétences, que le GIP FTLV-IP  accompagne les personnes placées sous main de justice, en partenariat avec le Greta Centre-Val de Loire et l'ERTS. Cet accompagnement porte en particulier sur la phase de rédaction du livret d'expérience (livret 2) et dans la préparation à l'entretien avec le jury.

Accompagnement VAE des personnes placées sous main de justice, pourquoi ?

La VAE est une démarche individuelle reposant sur des éléments déclaratifs ainsi que l'apport de preuve puisés dans la vie professionnelle et l'expérience du candidat. Durant cette démarche, chacun peut être accompagné à l'organisation de ces éléments, à la rédaction et à la mise en avant des compétences acquises en rapport avec le référentiel du diplôme visé.

Les personnes placées sous main de justice bénéficient également de la possibilité de préparer une VAE pendant leur détention, sur la base des expériences professionnelles vécues en dehors et pendant leur détention. Selon l'ATIGIP (Agence du travail d'intérêt général et de l'insertion professionnelle), l'acquisition d'un métier et le retour à l'emploi sécurisent les parcours de sortie et permettent de réduire la récidive.

Alors qu'en moyenne 53 % des détenus n'ont aucun diplôme*, la VAE, qui permet d'acquérir un diplôme par la validation des acquis de l'expérience, s'inscrit alors pleinement dans une démarche de réinsertion positive en sécurisant un parcours de sortie avec un retour vers l'emploi.

*Chiffres ATIGIP

Concrètement, comment le projet est mis en place ?

Le projet repose sur un diagnostic territorial et une organisation de l'accompagnement VAE dans tous les établissements pénitentiaires de la région.

Le diagnostic territorial, mené avec différents acteurs du milieu pénitentiaire et de la formation, a pour objectif l'identification :

  • des besoins précis des bénéficiaires,
  • des difficultés spécifiques au milieu fermé,
  • des partenariats à consolider et/ou créer pour la mise en œuvre des parcours,
  • des ingénieries à déployer pour permettre à un plus grand nombre de s'engager dans une VAE.

Conjointement à ce diagnostic, l'organisation de l'accompagnement se met en place à travers des ateliers collectifs permanents et des entretiens individuels dans chacun des établissements, permettant un appui méthodologique pour l’élaboration du dossier, l’analyse de l’activité professionnelle et la préparation à l’entretien avec le jury.

Durant cet accompagnement, l'offre régionale de formation professionnelle à destination des personnes placées sous main de justice peut être mobilisée pour acquérir un socle de compétences et de connaissances transverses ou bien disposer d'une formation RAN contextualisée à la VAE, par exemple.

Au-delà de l'accompagnement, le projet de VAE se place dans un parcours plus global impliquant différents partenaires : les conseiller(ère)s PIC VAE, les conseiller(ère)s pénitentiaires d'insertion et de probation, France Travail, le programme personnalisé d'accompagnement à l'insertion professionnelle...

Des premiers résultats encourageants !

Après l'expérimentation de l'accompagnement sur trois groupes durant 5 à 8 mois d'accompagnement entre janvier 2022 et septembre 2023, les premiers résultats sont encourageant. En effet, les candidats sont motivés et assidus aux séances d'accompagnement et les niveaux de diplômes sont diversifiés et ciblés en fonction de leurs expériences professionnelles antérieures. Quatre candidats ont déjà obtenu une validation totale du diplôme visé en VAE !

Quatre candidats témoignent

Faire une VAE me permet de justifier d’un diplôme et donc de proposer un profil solide devant un futur employeur. Je suis motivé par l’envie de me réinsérer rapidement et correctement.

Pierre**, incarcéré, diplômé d’un BTS Maintenance industrielle en VAE

Je me suis engagé sur une VAE car je voulais obtenir une VRAIE qualification. Mon objectif était que mon expérience et mon savoir-faire soient reconnus officiellement. Pour organiser et expliquer mon parcours, l’accompagnement a été très important.

Jonas**, incarcéré, diplômé d’un BP conducteur d’engin en VAE

J’ai réussi à produire un livret de 80 pages, je ne m’en pensais pas capable, cela m’a donné confiance en mes capacités. N’ayant pas pu terminer mon CAP durant ma scolarité, la VAE me permet d’avoir un diplôme et de faire reconnaître mes compétences professionnelles.

Basile**, incarcéré, diplômé d’un Bac pro logistique en VAE

J’ai suivi des études jusqu’en 3ème, mais je n’ai pas passé le brevet. Grâce à mon expérience en tant qu’opérateur logistique, j’ai pu obtenir un diplôme en VAE. J’aimerais entamer un nouveau parcours pour un Bac pro, et ainsi retrouver plus rapidement un travail.

Alexandre**, incarcéré, diplômé d’un CAP opérateur logistique en VAE

**Les prénoms ont été modifiés

Cette offre d'accompagnement s'inscrit désormais dans l’offre régionale de formation professionnelle à destination des personnes placées sous main de justice. La formation professionnelle des personnes détenues est en effet une compétence régionale depuis le 1er janvier 2015.